Ce que la Low-Tech m’a appris : Mes remises en question pour un avenir plus simple

27 septembre 2024 par
Ce que la Low-Tech m’a appris : Mes remises en question pour un avenir plus simple
pedro taveira

Imaginez-vous assis à la terrasse d’un petit restaurant en Ouganda, une tasse de thé fumant entre les mains, face à l’immensité tranquille du lac Victoria. Les enfants de la famille qui tient l’établissement courent autour de vous, tandis que le propriétaire est parti pêcher le poisson qui composera votre repas. Vous ne savez pas exactement quand il reviendra, et ici, le temps semble suivre un autre rythme. Il n’y a pas de Wi-Fi, ni même de réseau mobile. Vos appareils électroniques sont silencieux. Rien ne vient interrompre ce moment de paix, à part le léger bruissement de l’eau et les conversations feutrées en arrière-plan. C’est là, dans cette bulle de simplicité, que j’ai ressenti quelque chose de profond. À quoi bon cette vie hyperconnectée, rythmée par les notifications incessantes et la pression constante de l’instantanéité ? Pourquoi ai-je l’impression que nos vies, pourtant remplies de technologies censées nous faciliter l’existence, sont en réalité plus encombrées, plus oppressantes ? Cette prise de conscience, née d’un contraste frappant entre le monde digitalisé que je connaissais et la tranquillité de ce moment hors du temps, m’a poussé à explorer un autre chemin : celui du low-tech. Je partage ici les remises en question qui ont émergé après plusieurs semaines d’expérimentation en adoptant exclusivement des solutions low-tech.

C’est quoi la Low-Tech ?

La low-tech n’est pas un retour à l’âge de pierre. Ce n’est pas jeter nos ordinateurs par la fenêtre et vivre dans une cabane en bois (bien que cela puisse sembler tentant certains jours). Le low-tech, c’est l’utilisation consciente de technologies simples, durables et accessibles. C’est privilégier la qualité à la quantité, la fonctionnalité à la futilité. Contrairement aux solutions high-tech qui s’appuient souvent sur des processus et des matériaux complexes et énergivores, le low-tech se concentre sur l’efficacité, la réparabilité et la longévité.

Première remise en question: mon obsession pour la productivité

Pendant des années, une partie de ma vie tournait autour de l’optimisation de ma productivité. J’avais développé un véritable écosystème pour gérer mes tâches, mes idées et mes projets. J’utilisais des applications de gestion de tâches (je les ai presque toutes testées), des outils de mind-mapping, et des logiciels comme Notion ou Obsidian pour organiser mes lectures et mes réflexions. Chaque aspect de ma vie professionnelle et personnelle était structuré dans un système bien huilé. À tout moment, je pouvais accéder à n’importe quelle information, rassembler des notes éparses, ou jongler entre plusieurs projets complexes. J’étais capable de mener plusieurs projets en parallèle, sans jamais avoir l’impression de perdre le contrôle. Le digital me donnait une agilité incroyable, alimentant ma créativité hyperactive et me permettant de consommer un flot constant de connaissances. Grâce à la technologie, je pouvais lire, apprendre et produire en continu. Mais après plusieurs voyages à travers l’Afrique et l’Asie, cette efficacité m’a soudainement paru excessive, presque déshumanisante. J’ai décidé de tester une approche radicalement différente : éliminer toutes les technologies non essentielles de ma vie quotidienne. Plus de smartphone durant les réunions, plus de multitâches sur mon ordinateur. À la place, un simple carnet de notes et un stylo. J’ai recommencé à écrire à la main, à lire des livres en papier, à me concentrer sur une seule tâche à la fois. Lorsque je devais me connecter pour certaines tâches professionnelles, je n’utilisais que mon iPad car l’OS est mal conçu pour le multitâche, contrairement à un ordinateur. Cela m’obligeait à me concentrer.

Une redécouverte du temps et des bienfaits inattendus

J’ai redécouvert une forme de concentration que j’avais oubliée. Le fait de ne plus jongler entre mille applications m’a permis de me focaliser sur l’essentiel, de prioriser mieux et d’avancer avec plus de sérénité. Un élément particulièrement marquant de cette expérience a été l’écriture manuscrite. Écrire à la main m’a reconnecté à une autre temporalité. Chaque mot inscrit sur le papier demandait une attention différente, une sorte de lenteur bénéfique. Cette pratique m’a forcé à ralentir, à réfléchir plus profondément, et à structurer mes pensées avec plus de clarté. Plusieurs études montrent que l’écriture manuscrite est bien plus qu’un simple exercice mécanique. Elle sollicite des zones du cerveau liées à la mémoire, à la créativité et à la compréhension. Une étude publiée dans Psychological Science a révélé que les étudiants qui prenaient des notes à la main comprenaient et retenaient mieux les concepts que ceux qui utilisaient un ordinateur. Cette différence s’explique par le fait que l’écriture manuscrite implique une réflexion active et une synthèse immédiate des informations, tandis que la saisie sur clavier tend à être plus automatique et moins engageante sur le plan cognitif.

Deuxième remise en question : l’impact environnemental des technologies

Depuis toujours, j’ai été fasciné par les innovations technologiques et la manière dont elles transforment nos vies. Mon métier m’a permis de rester à la pointe de ces avancées, et je me suis entouré de gadgets sophistiqués : ordinateurs dernier cri (je dois faire partie des plus gros contributeurs aux bénéfices d’Apple), smartphones, tablettes, assistants vocaux, objets connectés (j’ai même testé un bandeau d’électroencéphalographe pour le suivi du sommeil lancé par une startup). Tout cela m’apportait un sentiment d’efficacité et de modernité, une sensation de vivre à l’avant-garde de la productivité. Pourtant, au fil de mon voyage vers une approche plus low-tech, une nouvelle question m’a traversé l’esprit : à quel prix ? Un jour, alors que je participais à une rencontre avec des agriculteurs en Tanzanie, nous avons eu une discussion sur l’impact des nouvelles technologies sur leurs pratiques. À leur échelle, ils étaient confrontés à une réalité bien différente de la nôtre : des outils coûteux à entretenir, un accès limité aux ressources, et une dépendance aux réparations externes. C’est là que j’ai pris conscience que les technologies que j’utilise sans réfléchir au quotidien avaient, elles aussi, un impact caché. À travers l’obsolescence programmée, la surconsommation énergétique ou encore l’exploitation des ressources naturelles, chaque gadget que j’utilisais contribuait à un système global qui semblait de plus en plus insoutenable. Cette expérience m’a poussé à remettre en question ma propre consommation. Combien d’appareils électroniques avais-je accumulés au fil des ans ? Combien étaient réellement indispensables à ma productivité et à mon épanouissement personnel ? Pouvais-je continuer à prôner des valeurs éthiques et durables tout en participant à un modèle de consommation aussi énergivore et polluant ?

Vers une consommation technologique plus consciente

J’ai donc entrepris une démarche de réduction de mon empreinte technologique. J’ai commencé par un audit personnel : quels étaient les appareils que j’utilisais quotidiennement, et surtout, en avais-je vraiment besoin ? À ma grande surprise, une partie de mon équipement restait souvent inutilisée, simplement présente pour “être à jour”. J’ai alors décidé de revendre ou donner les gadgets superflus, tout en limitant mes achats futurs à des produits reconditionnés ou à des technologies plus durables. En parallèle, j’ai choisi de me renseigner sur l’empreinte écologique des produits que j’utilisais. Cette prise de conscience m’a poussé à adopter une approche plus modérée face aux technologies. Avant d’acheter un nouvel appareil, demandez-vous si vous en avez vraiment besoin. Essayez de réparer plutôt que de remplacer, et explorez des options plus respectueuses de l’environnement. Vous constaterez peut-être, comme moi, que la technologie peut être un allié, mais qu’il est possible de l’utiliser de manière plus consciente, sans sacrifier ni notre bien-être ni celui de la planète.

Troisième remise en question : la surconsommation d’informations

Comme beaucoup d’entre nous, j’étais habitué à être constamment connecté, absorbé par un flux incessant d’informations : notifications, articles, réseaux sociaux, vidéos, podcasts, newsletters. Chaque minute semblait être une opportunité pour consommer encore plus de contenu et rester informé. Il m’arrivait d’écouter des podcasts en vitesse X2 pour pouvoir en consommer plus. Mais à un moment, j’ai décidé de progressivement couper ces flux : suppression des flux RSS, éloignement de Twitter et des autres réseaux sociaux, désabonnement aux sites d’information. Au début, une forme d’angoisse m’a envahi. J’avais peur de manquer des informations importantes, ou de ne plus être à jour dans mon métier. Puis, peu à peu, une nouvelle perspective s’est installée. Sans les stimuli numériques, je me suis interrogé : est-ce que toute cette consommation d’informations m’aidait vraiment à réfléchir plus profondément ? Ou m’éloignait-elle plutôt de l’essentiel, me noyant dans des informations superficielles ? Lors de mon périple en Afrique et en Asie, déconnecté de mes flux d’actualité quotidiens, je me suis retrouvé face à un silence inhabituel. Sans la possibilité de consulter mes réseaux sociaux ou de lire les dernières nouvelles, mon esprit s’est apaisé. Ce silence a permis à mes pensées de ralentir, de cesser de courir d’un sujet à un autre, et de se concentrer sur des réflexions plus profondes. C’est alors que j’ai réalisé que ma soif insatiable d’informations m’empêchait de vraiment explorer les sujets et de prendre le recul nécessaire pour formuler ma propre pensée critique.

Ralentir pour mieux réfléchir

Réduire ma consommation d’informations n’a pas seulement apaisé mon esprit ; cela a également transformé la manière dont je réfléchis. En limitant volontairement mon accès aux actualités et aux réseaux sociaux, j’ai retrouvé un espace mental que je pensais avoir perdu. Au lieu de sauter d’un sujet à un autre, j’ai pu me concentrer sur des sujets plus spécifiques, prendre le temps de lire en profondeur, et surtout, de réfléchir. Aujourd’hui, j’ai mis en place une grille de validation pour toutes mes lectures. Je divise mes lectures en trois catégories : les lectures plaisir (romans, nouvelles, poésie), les lectures qui contribuent à améliorer mes compétences professionnelles pour satisfaire mes clients, et enfin les lectures qui m’aident à mieux comprendre le monde. Pour cette dernière catégorie, je soumets chaque ouvrage potentiel à une série de questions directrices que j’ai définies. Si un livre n’enrichit pas ma réflexion sur au moins l’une de ces questions, je décide de ne pas le lire.

Voici mes questions directrices dans leur version 2024:

  1. Comment créer un environnement qui encourage la curiosité pour moi, mes enfants et les autres ?
  2. Comment puis-je anticiper et m’adapter aux changements sociétaux et technologiques à venir ?
  3. Quelles initiatives locales ou globales peuvent favoriser une économie circulaire et régénératrice, respectueuse des personnes et de l’environnement ?
  4. Comment puis-je encourager l’inclusion et la valorisation des différences culturelles, sociales et individuelles dans mon environnement personnel et professionnel ?
  5. Comment puis-je développer et transmettre un esprit critique capable de distinguer les faits des opinions ?
  6. Comment puis-je utiliser l’art pour me transformer et inspirer les autres à voir le monde différemment ?
  7. Qu’est-ce qui stimule la créativité ?
  8. Quels facteurs contribuent à améliorer l’empathie et à enrichir la compréhension de la diversité humaine ?
  9. Quels facteurs ont conduit à la chute des civilisations passées, et quelles leçons en tirer pour aujourd’hui ?
  10. Comment partager efficacement mes réflexions et apprentissages avec les autres ?
  11. Comment puis-je focaliser mon attention et celle de mes proches sur ce qui a du sens pour façonner positivement nos identités ?

Quatrième remise en question : la réappropriation des savoir-faire

Le mouvement low-tech ne se limite pas seulement à réduire notre dépendance à la technologie moderne. Il encourage aussi un retour aux savoir-faire artisanaux et techniques qui, au fil des décennies, ont été progressivement oubliés, remplacés par des outils numériques et des processus industrialisés. Lors de mes voyages, j’ai rencontré de nombreuses communautés qui, malgré l’essor de la technologie, continuaient de pratiquer des savoir-faire ancestraux : la fabrication d’outils à la main, l’utilisation de matériaux locaux, la réparation d’objets du quotidien plutôt que leur remplacement. Ce constat a soulevé une question profonde en moi : à quel point avons-nous, dans nos sociétés modernes, perdu le lien avec la fabrication des objets que nous utilisons chaque jour ? Nous consommons, jetons, puis remplaçons, sans réfléchir aux processus de création, ni à l’impact qu’ils ont sur notre environnement et nos communautés. Je me suis rappelé une scène particulière, lorsque j’assistais à la réparation d’un outil agricole dans un village au Burkina Faso. Là-bas, lorsqu’un outil se brise, on le répare. Les habitants connaissent les matériaux, les techniques, et chaque réparation devient une occasion d’apprendre, de transmettre un savoir. Ce moment a été révélateur pour moi: la fabrication et la réparation manuelles renforcent non seulement l’autonomie des individus, mais donnent également du sens aux objets que l’on utilise. Il m’a semblé évident que notre dépendance excessive à la high-tech avait effacé une partie de ces savoir-faire essentiels à notre lien avec le monde matériel.

Redonner du sens aux objets et aux pratiques

Cette démarche a pris un sens particulier pour moi car, ayant étudié la photographie à l’époque de l’argentique, j’avais autrefois un lien matériel très fort avec mes images. À cette époque, chaque photo nécessitait un processus concret : développer le film, manipuler les tirages, toucher le papier photo. Chaque image que je capturais avait une présence physique. Depuis l’avènement du numérique, mes photos sont simplement restées sur un disque dur, perdant cette connexion tangible que j’avais auparavant. Cette expérience low-tech m’a fait prendre conscience de la valeur de ce lien matériel. Désormais, j’imprime les photos qui raisonnent vraiment en moi. Cela redonne du sens à l’image en la matérialisant, en lui offrant une présence dans le monde physique, hors des écrans. Par ailleurs, je me suis remis à créer des fanzines, des publications artisanales réalisées à petite échelle. Ce retour à la fabrication manuelle me reconnecte non seulement à ma passion pour l’image, mais aussi à une démarche créative plus authentique et tangible.

Cinquième remise en question : autonomie et résilience

Dans nos sociétés modernes, nous sommes souvent dépendants de systèmes complexes et globalisés. L’électricité, les biens de consommation, la nourriture : tout repose sur des chaînes d’approvisionnement longues et fragiles, facilement perturbées par des crises économiques, des conflits ou des catastrophes climatiques. Il suffit de se rappeler de la période du Covid pour comprendre la vulnérabilité de ces systèmes. C’est dans ce contexte que les solutions low-tech prennent tout leur sens, car elles offrent des alternatives plus locales, plus résilientes et souvent plus simples à mettre en œuvre. Dans plusieurs villages à travers le monde, l’installation de systèmes d’énergie solaire rudimentaires permet aux habitants de produire leur propre électricité sans dépendre des réseaux nationaux, souvent défaillants. Ce type de solution réduit non seulement la dépendance aux infrastructures centralisées, mais permet également à ces communautés de mieux faire face aux crises, qu’elles soient économiques ou climatiques.

Se reconnecter à des solutions locales et résilientes

En explorant cette question, j’ai pris conscience de l’importance de développer des compétences et des solutions qui dépendent moins de systèmes mondiaux fragiles. Cela a commencé par de petites choses : j’ai réduit ma dépendance aux appareils high-tech en privilégiant des outils plus simples, moins énergivores et plus facilement réparables. En cherchant à développer plus d’autonomie dans mes propres pratiques, j’ai commencé à privilégier des solutions durables, réparables et locales. Par exemple, au lieu de toujours acheter du neuf, je m’efforce désormais de réparer ce qui peut l’être, ou de me tourner vers des alternatives low-tech qui ne nécessitent ni importation ni consommation excessive de ressources.

Sixième remise en question : Accès pour tous

L’un des principes fondamentaux du mouvement low-tech est de rendre les solutions technologiques accessibles à tous. Contrairement aux technologies high-tech, souvent coûteuses et complexes, les solutions low-tech privilégient la simplicité et l’abordabilité. Elles sont faciles à mettre en œuvre, réparables, et ne nécessitent pas de ressources ou d’infrastructures sophistiquées. Cela en fait une alternative précieuse, particulièrement dans les régions où l’accès aux technologies modernes reste limité. Lors de mes déplacements, j’ai vu de nombreuses communautés adopter des technologies low-tech adaptées à leurs besoins locaux. Que ce soit à travers des filtres à eau artisanaux, des cuiseurs solaires ou des dispositifs de récupération d’eau de pluie, j’ai pu constater comment des solutions simples et peu coûteuses permettent de répondre à des besoins essentiels. Cette approche m’a poussé à me poser une question fondamentale : comment s’assurer que la technologie profite à tous, y compris aux populations les plus vulnérables ?

Démocratiser l’innovation grâce à la low-tech

La low-tech est une clé pour un avenir plus inclusif et équitable. En favorisant des technologies simples, durables et accessibles, on permet à un plus grand nombre de personnes de répondre à leurs besoins de manière autonome. Les solutions low-tech ne nécessitent pas de pièces sophistiquées, de maintenance coûteuse ou de connaissances techniques avancées. Elles peuvent être réparées localement et adaptées aux besoins spécifiques des communautés. En tant que designer, je crois fermement que nous devons repenser la manière dont nous développons et distribuons les technologies. Plutôt que de toujours chercher à innover dans la complexité, pourquoi ne pas privilégier des solutions qui répondent aux besoins fondamentaux de tous, de manière simple et durable ?

Les questions essentielles pour intégrer le Low-Tech dans vos projets

  • Ce produit répond-il à un besoin réel ?
  • Quels sont les coûts d’exploitation et de maintenance ?
  • Peut-on concevoir des solutions qui rendent les utilisateurs moins dépendants des technologies complexes ou des infrastructures centralisées ?
  • Ce produit peut-il être facilement réparé ou mis à jour ?
  • Comment ce produit se comportera-t-il en fin de vie ?
  • La technologie est-elle vraiment nécessaire pour ce produit ?
  • Ce produit encourage-t-il une consommation responsable ?
  • Ce projet peut-il s’adapter aux crises économiques ou climatiques ?
  • Comment intégrer des collaborations interdisciplinaires (ingénieurs, scientifiques, sociologues …) ?
  • Quelles sont les fonctionnalités essentielles de ce produit ?

En tant que concepteurs, nous avons le pouvoir de façonner les interactions entre les humains et la technologie. Il est facile de se laisser séduire par les dernières tendances technologiques, mais il est essentiel de nous poser les bonnes questions pour garantir des solutions plus durables, accessibles et centrées sur l’utilisateur.

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